Je vais vous emmener aujourd’hui découvrir le nord du Laos, ses minorités ethniques et sa rivière Nam Ou que nous avons découverts depuis notre base, le lodge de Muang La (qui a depuis fermé…)
Il existe de nombreuses minorités ethniques dans cette partie du Laos, dont les Khamus, les Hmongs et les Akhas à qui nous avons rendu visite. Les Akhas nous ont le plus marqués en laissant un sentiment de malaise : ce village éloigné, depuis peu accessible grâce à la construction d’un pont, ne reçoit que peu de visites. Les Akhas ne sont pas encore habitués aux touristes, ils semblaient vivement intéressés par nos deux petits blonds mais en même temps dérangés par notre présence. Ils ont refusé presque toute photo qui leur faisait peur et notre guide nous a dit que si nous étions venus sans lui ils seraient tous allés vite se cacher chez eux… et pourtant voir nos deux petits bonhommes déambuler dans le village les a beaucoup amusés. Ce fut une expérience assez unique car très rare désormais en Asie mais je me suis demandé si il ne vaudrait pas mieux les laisser tranquilles…
Partons donc à la découverte de ces minorités
Les Khamus
Qui sont-ils ? Les Khamus sont considérés comme étant les premiers habitants de ce qui est aujourd’hui le Laos. Ils pratiquent généralement la culture sur brûlis, vivent du riz des collines, du café, du tabac et du coton. Leurs villages sont installés dans les vallées près des rivières. De tradition animiste, de nombreux Khamus croient que le corps abrite entre 30 et 300 esprits. Le riz en contient également plusieurs, qui sont célébrés lors du rituel annuel du baci.
Il est facile d’aller à la rencontre des Khamus car leurs villages sont proches des axes de circulation. Nous nous sommes baladés dans le village non loin de Muang La, avons utilisé leur bateau en bambou pour traverser la rivière et nous avons participé à une cérémonie du baci, une belle découverte de la vie dans cette partie du Laos.
Les Hmongs
Qui sont-ils ? Les Hmong, 200 000 recensés au Laos, sont la minorité la plus importante à ces altitudes. Historiquement cultivateurs d’opium, ils ont dans le temps organisé une guérilla soutenue par les américains contre les communistes. La majeure partie de ce groupe ethnique est arrivée au Laos ces 200 dernières années et leur langue est apparentée au chinois et au Tibéto-Birman. La société est dominé par les hommes qui peuvent même parfois aller jusqu’à enlever la femme qu’ils veulent épouser si celle-ci se refuse à eux.
Les Hmongs sont les équivalents des Miaos de Chine dont j’avais parlé dans l’article « Les Miaos du Hunan » et pourtant ici nous avons vécu une expérience bien différente… on oublie le village manucuré pour les touristes, le village dans la montagne est pauvre et la vie rude surtout en cette saison où les températures sont très basses la nuit… Les hommes et les enfants s’occupent des tout petits, les femmes semblent presque toutes être parties travailler et petit G est choqué devant la vie de ses enfants… Je réalise qu’il grandit et se rend désormais compte de ce qu’il voit…il me dit qu’ils sont sales (et c’est vrai), qu’ils n’ont pas de culottes (c’est vrai aussi pour les petits, pas de couches ici…), je le sens un peu interloqué de découvrir comment ces enfants vivent… une bonne expérience pour lui !
Les Akhas
Qui sont-ils ? Les Akhas eux sont originaires du Yunnan et semblent être arrivés au Laos au début du XXème siècle. Derniers arrivés, ils habitent haut dans les montagnes. Les Akhas sont animistes et ont des traditions très ancrées : par exemple chaque village a une »balançoire » utilisée une fois par an pour remercier les esprits à la fin de la saison des pluies, il est totalement interdit de toucher à la » balançoire » considérée comme sacrée. La société Akha, à l’opposé de celle des Hmongs qui habitent juste à côté, est très égalitaire. Les Akhas sont également connus pour leurs tenues : les femmes portent des coiffes faites avec des pièces de monnaie datant de l’époque coloniale, ces coiffes représentent leur statut social et marital dans la communauté. Les femmes portent également des jambières et sont souvent seins nus.
Notre rencontre avec les Akhas fut double. C’était le jour de Noël, un Noël bien loin des habitudes européennes : nous avons déjeuné dans l’école d’un des villages Akha, un grand moment de jeu de ballons, de petites voitures que nous avions apportées … petit G et petit A ont disparus avec les écoliers, joué, déjeuné avec eux et n’ont réapparu qu’une fois les écoliers rentrés chez eux !
Puis nous nous sommes enfoncés dans la montagne jusqu’à la fin de la route où nous laissons la voiture pour pénétrer dans ce village akha du bout du monde dont je vous avais parlé en début d’article. Les gens vaquent à leur occupation en tenue traditionnelles et nos deux petits blancs attirent tous les curieux. Et pourtant, eux qui normalement nous permettent de briser la glace, n’y arriverons pas totalement cette fois ci … on nous suit dans tout le village jusqu’à la fameuse balançoire, on rigole en voyant nos enfants jouer, courir, on veut bien nous montrer les coiffes mais par contre on refuse toute photo et on fait bien attention à ne pas trop s’approcher… J’imagine que cette réserve disparaitra bientôt, elle nous a en tout cas un peu déroutés.
La descente de la rivière Nam Ou
Après ces rencontres peu ordinaires, nous quittons cette région et nous dirigeons vers Luang Prabang. Nous n’avons pas choisi l’itinéraire le plus rapide mais certainement le plus beau… 2h de voiture vers Muang Khua puis 5h de descente de la rivière Nam Ou suivi de 3h de voiture pour rejoindre Luang Prabang depuis Nong Khiaw ….
Les paysages sont très variés : les collines et les nombreux villages en bord de rivière laissent la place à des paysage très découpés et karstiques, un émerveillement… Nous appréhendions un peu les 5h dans un bateau avec un petit A de 20 mois très actif et un petit G de 4 ans qui ne tient pas en place… mais finalement personne n’a sauté par-dessus bord, petit G s’est endormi et petit A a joué avec ses petites voitures tout du long ! Nous allons désormais passer 5 jours à Luang Prabang pour récupérer 🙂
Comment organiser les excursions pour rencontrer les ethnies?
- A Muang Khua, vous pouvez attendre jusqu’à ce qu’un bateau soit plein ou louer, comme nous (voyager à 6 ça a ses avantages…), un bateau très confortable ou les banquettes en bois ont été remplacées par des sièges de voiture. Nous avons fait un petit arrêt pique-nique sur une des plages de sable à l’ombre de notre parasol blanc…un moment très Indochine coloniale!
- Pour les excursions nous sommes passés par le lodge de Muang La, ce n’est pas donné mais l’expérience est unique et vous êtes surs de ne croiser aucun touriste de la journée
Et vous, avez-vous déjà rendu visite à des communautés coupées du monde ? Qu’avez-vous ressenti?
Faut-il y aller ? Je m’étais posé la même question en visitant avec un guide des villages qui voyaient peu de touristes en Birmanie (c’était en 2000, le peu n’est peut-être plus vrai aujourd’hui). Sur le moment, vu qu’on est curieux, on trouve ça génial. Évidemment, on ne va pas prétendre après qu’ils n’ont jamais vu de blanc comme le font certains, mais on se dit que ça change des villages qui se sont transformés en autoroutes à touristes. Dans mon cas, l’accueil était chaleureux et dans chaque village, quelques pères de famille cherchaient tous les arguments possibles pour que… Lire la suite »
Je vois qu’on a les mêmes interrogations… et je pense que si je retourne dans ce village akha dans 10 ans tout aura changé, les femmes ne seront pas toutes en costumes traditionnelles, il y aura peut être des home stays, les photos ne feront plus peur… J’avoue avoir déjà pas mal voyagé dans des endroits reculés mais c’était la première fois où j’ai senti que notre présence marquait vraiment la fin d’une époque pour ce village…
La question est très mode, et le sujet on ne peut plus d’actualité, car comme tu le dis Amélie, dans 10 ans ce sera terminé.
La réponse pas très voyage responsable serait « faut y aller maintenant avant que ce soit trop tard ». J’ai l’impression de lire ça un peu partout. A la fois je ne pense pas que l’on puisse freiner le train infernal du tourisme…
En effet si je n’y étais pas allée, quelqu’un d’autre y serait allé et en effet rien n’arrêtera ce développement du tourisme qui a également des bons côtés… j’en étais bien consciente mais j’avoue n’être presque jamais allée dans un village aussi coupé du monde où l’on vie encore comme il y a plusieurs décennies, d’où la sensation de malaise…
C’est une sage réflexion que voilà, après tout comme Laurent je pense que la réponse n’est pas évidente car il y a indéniablement une part de « voyeurisme » dans ce genre de visite mais comme Laurent je suis le premier à apprécier de visiter ce genre de village, du moment que je le sais véritable et souvent cela se voit à l’accueil chaleureux et aux regard curieux, dans le fond ce serait comme si un touriste japonais viendrait se perdre au fin fond de la lozère… ma foi pourquoi pas tant que c’est pas des bus entiers qui débarque !
Ah la comparaison est intéressante 🙂 Je suis comme toi je suis attirée par ce genre de visite vraiment typique et pourtant je me dis que ma venue leur montre une autre vie possible, les fera peut être a la longue quitter leur village et leur traditions… C’est tout là le problème du tourisme responsable… cela reste quand même du tourisme.
J’étais au Laos le mois dernier. Je ne suis pas allée dans des villages ethniques aussi reculés. La preuve, j’ai vu peu de femmes Akhas porter la coiffe traditionnelle. Ces villages n’étaient pas pour autant très touristiques puisque nous étions les deux seules blanches. Mais je pense qu’ils doivent voir des blancs tous les jours ou presque… J’hésite encore à aller voir ces villages perdus au milieu de nulle part et encore préservé. Comme vous le dit, il y a une part de voyeurisme. Mais il y a aussi une part de curiosité saine, d’envie de découvrir et de comprendre… Lire la suite »
Merci ton retour est très intéressant, dans ce coin là nous n’avons pas vu une seule akha sans le costume traditionnel, par contre chez les hmongs seuls les grands parents étaient encore en tenue traditionnelle… Il faut dire que nous étions dans un endroit un peu reculé loin des circuits typiques routard, cela aide…
Merci pour le compliment sur les photos!
Bonjour Thomas, j’avoue que nous avons été privilégiés car je pense qu’il y a peu d’endroit reculés comme cela dans ce coin d’Asie…
En parcourant votre blog, je n’ai qu’un seul terme qui me vient à l’esprit : Wow ! Je pourrais passer des heures à admirer les photos et feuilleter les billets, tant leur beauté est captivante…
Bienvenue sur mon blog et merci pour ces compliments
Bonjour je n’ai pas l’habitude de commenter les blogs mais la forcé de constater qu’il est d’un qualité incroyable alors BRAVO et MERCI pour les partages notament sur ce tourisme « responsable » difficil à délimiter…
Bonne continuation
Ben
Merci beaucoup Ben pour ton commentaire qui m’a fait très plaisir
Bonjour à tous, Pour répondre à toutes vos interrogations concernant les villages ethniques au Laos : « faut-il y aller ou pas ? » Notre association n’envisage plus depuis longtemps ce type de voyage sans motivation solidaire. Pas question de faire une incursion éclair et à sens unique, c’est-à-dire sans « échanges » en fonction, par exemple, des nécessités sanitaires de ces villages isolés, des difficultés de transport etc…. Avant d’y aller il est donc indispensable de se renseigner auprès d’une association humanitaire locale des besoins réelles de ces populations afin de leur apporter ce dont ils manquent le plus (lunettes de vue par… Lire la suite »
Merci pour votre commentaire, pouvez vous donner plus de détails sur votre association? Vous avez un site internet? Trouver une association sur place est souvent très difficile surtout en Asie vu la barrière de la langue… dans le nord du Laos vous en connaissez?
Bonsoir Amélie, Nous sommes uniquement sur Facebook pour une question de réactivité et d’échanges immédiats auxquels peuvent participer le plus grand nombre. Vous trouverez tous les détails concernant notre association et ses objectifs dans « à propos ». Nous proposons aux voyageurx de l’hébergement solidaire dans le monde entier dans le but d’aider à 100% sans intermédiaire, les villageois et minorités ethniques et de les sensibiliser à la conservation de leur patrimoine identitaire et culturel. Pour connaître les ONG sur place, renseignez-vous auprès de Survival International, Amnesty International, la Croix Rouge représentée partout dans le monde et dans les villes les plus… Lire la suite »
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