L’Amazonie d’Equateur ne possède que 3% de la forêt Amazonienne et pourtant c’est une très bonne option pour découvrir l’Amazonie et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord entre le parc de Yasuni et la réserve de Cuyabeno, il existe plusieurs zones bien protégées adaptées à la visite qui sont considérées comme étant parmi les zones les plus biodiverse du monde. De plus, comparés à d’autres points d’accès de l’Amazonie, l’accès depuis Quito est plutôt facile. Enfin, l’Equateur ayant une industrie du tourisme plus mûre que d’autres pays d’Amérique Latine, il existe plusieurs options avec des budgets et des expériences très différentes pour plaire à tous.
En Amazonie, ne vous attendez pas à une forêt uniforme: la jungle est très variée avec environ 400 espèces d’arbre au kilomètre carré. Le sol est lui plutôt pauvre et la nourriture du coup n’est pas très variée. Les communautés locales se nourrissent surtout du manioc (que l’on ne peut plus voir en photo…), de bananes vertes et on oublie les légumes. Presque toute la nourriture des lodges est d’ailleurs amenée en pirogue et même le linge (drap et couvertures) ont voyagé avec nous pour pouvoir être lavés et séchés correctement, chose impossible sur place vu l’humidité. Une sacrée organisation!
Que choisir entre Yasuni ou Cuyabeno?
En Equateur, il existe deux options principales: la réserve de Cuyabeno ou le parc Yasuni. Les deux options sont très bien mais il existe quelques différences à connaître pour faire son choix.
- Cuyabeno est moins cher que Yasuni car un peu plus accessible mais surtout, j’ai trouvé, parce que les lodges chers et haut de gamme sont à Yasuni. D’ailleurs à l’aéroport de Coca tous les groupes d’Américains fortunés allaient à Yasuni.
- Il est censé être plus facile de voir des animaux à Cuyabeno car la région est faite de petites rivières et lacs, du coup on se déplace plus doucement et on est plus prêts du bord pour voir les animaux.
- Yasuni peut être plus chaud et humide que Cuyabeno
Nous avons opté pour Cuyabeno en allant dans une région plutôt isolée de la réserve.
Combien de temps à Cuyabeno?
Nous y avons passé cinq jours et quatre nuits. On aurait pu passer une journée de moins mais c’était franchement agréable de ne pas courir vu la distance et la fatigue d’un tel voyage. Ne passez surtout pas moins de trois nuits sur place, vous le regretterez.
Comment se rendre dans l’Amazonie à Cuyabeno?
Pour aller à Cuyabeno deux options: le bus ou l’avion. En bus il faut compter 10H de bus pour rejoindre Lago Agrio suivi de plusieurs heures de voitures puis quelques heures de pirogue. En avion il faut aller à Coca, le vol dure 45 minutes. Il existe pas mal de vols car l’industrie pétrolière fait voyager son personnel en avion jusqu’à Coca. Nous avons choisi l’avion pour économiser du temps et de la fatigue mais sachez bien qu’ une fois arrivé à Coca il reste beaucoup de route à faire: 2H30 de route suivi de 3H30 de pirogue motorisée (et ça c’est quand l’eau est haute en hiver). Nous étions contents d’arriver.
Depuis Coca, le trajet commence au milieu des exploitations pétrolières et des champs d’exploitation pour l’huile de palme, on est loin de l’image que l’on se faisait de l’Amazonie. Cela nous a permis de nous rendre compte de l’utilité des parcs et réserves, car les entreprises pétrolières, principalement chinoises, sont au pied des zones protégées. Heureusement, au fur et à mesure des heures les arbres sont devenus plus grands, plus denses jusqu’à notre arrivée à la rivière Cuyabeno où nous étions vraiment au milieu de nulle part dans la jungle pristine
Quand venir en Amazonie en Equateur ?
L’avantage de venir durant leur hiver (notre été, nous y étions en juillet) c’est que l’eau est haute du coup les trajets sont plus courts: un peu plus de 3h de pirogues contre 7h quand le niveau de l’eau est bas et que les bancs de sable et les arbres tombés gênent la circulation. La température n’était pas trop désagréable: il faisait chaud dans la journée au soleil mais la nuit était fraîche et agréable alors qu’en été il fait très chaud tout le temps. Enfin en hiver, l’eau a un ph plus acide du fait de la décomposition de matières organiques, du coup l’eau est propre et il n’y a pas de moustiques. Durant l’été (l’hiver pour nous) le ph baisse et les moustiques arrivent. Nous avions pris des médicaments anti malaria pour suivre les recommandations françaises mais nous aurions pu nous en passer car nous n’avons vu presque aucun moustique
On peut voir, par contre, plus d’animaux en été lorsque l’eau est basse, en particulier les caïmans ou les anacondas. Durant notre séjour ils étaient cachés dans les parties inondées de la forêt et nous n’avons vu qu’un cayman bien caché.
Que faire en Amazonie à Cuyabeno?
- La pêche au piranha,
Pour pêcher les piranhas, il faut se poser dans un endroit calme dans un bras de rivière et mettre un bout de viande ou de poisson accroché à un crochet dans l’eau. Les garçons en ont pêché beaucoup et nous en avons mangé au dîner: un vrai délice. Leur réputation est injuste, il faut juste faire attention aux dents lorsqu’on enlève l’hameçon. Notre guide nous a dit qu’au Brésil, les piranhas attaquent car ils ont perdu leur milieu naturel avec la déforestation et n’ont plus ce qu’il leur faut pour se nourrir mais qu’en Équateur cette agressivité n’existe pas.
- Observer les animaux
Nous avons principalement vu des oiseaux de toutes sortes (j’ai enfin pu voir un toucan), beaucoup de papillons grands et colorés et des singes dont les incroyables singes hurleurs d’une espèce différente de ceux qui nous réveillaient tous les matins dans le Choco en Colombie. Nous avons également eu la chance de tomber sur des dauphins roses d’eau douce et une otarie. Ne vous attendez pas à tomber sur des animaux toutes les 5 secondes, il faut ouvrir grand les yeux et quand même être très patient…
- Observer les insectes
On les voit beaucoup mieux la nuit car c’est le moment le plus sûr pour eux pour sortir sans se faire attaquer par des prédateurs. Nous avons fait des petites marches de nuit tous les soirs pour les observer. Notre plus incroyable souvenir a été de tomber sur une tarentule gigantesque. Nous pensions ne jamais retomber sur une tarentule mais le lendemain matin petit A a trouvé une peau de tarentule qui avait mué dans son sac! Heureusement on sait maintenant que les tarentules n’attaquent pas les humains mais on sait aussi qu’il faut mieux mettre des chaussures pour aller aux toilettes…
- Découvrir les peuples locaux
Le lodge est géré par des Kechua de Playa de Cuyabeno, une communauté sans doute descendue des Andes au temps des espagnols et installée depuis en Amazonie. Ils vivent désormais dans un petit village construit par le gouvernement, ce qui ne correspond pas du tout à leur mode de vie traditionnel et ils commencent à perdre leurs coutumes.
Nous avons fini le séjour en campant à côté de la maison d’une famille Secoya qui vit de manière encore traditionnelle. Dans leurs tradition les hommes sont habillés avec des longues tuniques qui ressemblent à des robes d’hôpital et les femmes ont des jolies jupes colorées bleus. Il ne reste qu’environ 400 secoyas en Equateur…
- Randonner dans la jungle
Dans la jungle, pas vraiment de sentiers mais des pistes qui finissent souvent devant un arbre tombé qui bouche le passage. On se retrouve alors coincé et il faut créer une autre piste: cela nous est arrivé plusieurs fois et on a mis du temps pour pouvoir continuer… d’ailleurs à chaque sortie nous avions notre guide local manchette à la main pour nous faire un chemin sur l’eau comme sur la terre tellement la nature est envahissante.
- Découvrir les plantes incroyables
Il y en a tellement que nous n’avons pas tout mémorisé. Une des plus incroyables est le palmier qui marche qui peut se déplacer jusqu’à 20 mètres chaque année. On le repère tout de suite car l’arbre est sur des racines très hautes sorties de terre. Ces racines cherchent toujours le meilleur endroit pour l’arbre et du coup des nouvelles racines poussent sans cesse et permettent à l’arbre de se déplacer.
La nature offre également pleins de traitements naturels, par exemple nous avons souvent vu une plante qui est une plante contraceptive. Les femmes en font une infusion au bon moment du mois et peuvent contrôler le nombre d’enfants qu’elles ont. Pour se protéger des moustiques il faut par exemple brûler un nid de termite, une protection parfaite. Bref si on est perdus dans la jungle il y a de quoi survivre mais il faut s’y connaître, nous ne pourrions pas durer très longtemps.
- Se baigner (et oui)
Nous étions en Amazonie à la bonne saison pour nous baigner dans la rivière Cuyabeno, les enfants ont adoré sauter des berges dans le fleuve avec les enfants du lodge, attention au courant qui est par contre très fort.
Quelques conseils importants en Amazonie
- Ne rien toucher
Dans la jungle il ne faut rien toucher car on ne sait jamais ce qui peut nous piquer. Par exemple une fourmi Conga est atterri sur notre bateau en tombant d’un arbre… Elle était grosse mais nous n’aurions jamais pensé qu’elle était aussi dangereuse. Dès que notre guide l’a vu, il l’a vite évacué car elle pique et fait énormément mal au point de devoir aller directement à l’hôpital. Il y a quelques années, il nous a raconté qu’il a eu une touriste qui s’est faite piquée et il a filé le plus rapidement possible avec sa pirogue voire le médecin tellement la douleur était forte.
- Faire attention aux petits animaux
Les animaux les plus dangereux ne sont pas ceux que l’on croit : dans l’eau ce n’est pas l’anaconda ou le cayman mais l’anguille électrique qui est dangereuse pour l’homme. Sur terre ce sont les insectes les plus dangereux: abeilles, fourmis…
- Bien prévoir les bons vêtements
Ne faites pas comme nous, venez avec des T Shirts manche longs légers, il fait très chaud mais il vaut mieux être complètement couverts pour se protéger des bêtes. Les pantalons sont également indispensables ainsi que des bottes que votre lodge devrait vous prêter. Bien avoir aussi chapeau et crème solaire pour se protéger. De plus, il faut prévoir des habits séchant facilement car l’humidité est un vrai problème et il pleut souvent en Amazonie. Le lodge vous prêtera des vêtements de pluie, ce que nous avons bien apprécié quand nous avons dû faire 2H de pirogue sous la pluie battante.
Ou loger à Cuyabeno?
Nous avons opté pour l’Aguas Negras Lodge (leur site et ici) après avoir fait pas mal de recherches. A Aguas Negras, nous étions seuls au lodge pendant notre séjour, ce qui est souvent le cas car la capacité maximale est de 10. De plus, chaque groupe a son propre guide. Un petit luxe très agréable surtout quand on est avec des enfants car la plupart des autres lodges accueillent 30 personnes et il faut du coup partir avec des inconnus sur les pirogues. Le lodge est également très investi avec la communauté et tous leurs employés viennent de la communauté juste à côté, sauf le guide anglophone.
De plus Aguas Negras se trouve dans un coin de Cuyabeno où il n’y a qu’un autre lodge (le Waita Lodge qui semble pas mal non plus mais qui accueille beaucoup plus de monde) pas très loin. En 5 jours nous avons dû voir deux fois un bateau de l’autre lodge. Tous les autres lodges sont tous dans un autre endroit de Cuyabeno plus facile d’accès situé à 5h de bateau d’où nous étions. On a entendu dire que dans cette zone tous les lodges sont proches les uns des autres et que chacun a une grosse capacité du coup chaque fois que l’on voit un animal plusieurs bateaux rappliquent et il y a du coup moins d’animaux car ils sont dérangés.
Cela a un prix car on a presque payé le double de ce que les autres lodges de Cuyabeno offrent comme tarif. Nous avons trouvé que cela les valait: vu l’environnement plutôt hostile, nous avons trouvé que c’était la bonne solution pour une famille avec des enfants et être seuls dans l’Amazonie était vraiment une expérience unique. Vous trouverez tous les informations et tarifs sur leur site
Coca: porte d’entrée de l’Amazonie équatorienne
Coca est la ville pour arriver en avion mais la plupart des gens partent directement en Amazonie et n’y séjournent pas. Au retour, notre avion étant le lendemain matin, nous avons eu la chance de découvrir Coca, élue à l’unanimité par la famille comme étant la pire ville d’Equateur. La ville est plutôt moche et ne respire pas la sécurité, nous ne nous sentions pas très à l’aise et nous ne nous sommes déplacés qu’en taxi (à 1,5 USD le trajet, ne pas hésiter).
Le seul intérêt de Coca, selon nous, est son marché de produits de l’Amazonie connus pour leurs vertues. Je vous préviens ce n’est clairement pas un endroit fréquenté par les touristes étrangers mais pour les courageux comme nous, il se trouve juste à côté des stands de nourriture traditionnelle le long de la rivière. Nous y avons acheté un petit flacon de sangre de drago (2 USD la petite bouteille) pour guérir les plaies et ulcères cutanés et de l’aceite de ungurahua ( 20 USD la grosse bouteille) pour soigner la perte de cheveux de Kiwi. Coca nous a tellement déprimés que nous avons fini en mangeant au KFC! Pour loger à Coca nous avons dormi à Casa Blanca (pour réserver c’est ici), très basique mais pas cher avec la clim… par contre réveil matinale car l’hôtel est en face d’un élevage de poules.
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