La vallée d’Iya est le coin du Japon le plus reculé qui m’a été donné de visiter… et pourtant j’ai visité une bonne partie de ce pays… mais qu’avons-nous été faire dans ce coin perdu ? Et bien découvrir un peu le Japon authentique, le Japon encore préservé de l’urbanisation et de la standardisation à la japonaise, notre Japon préféré finalement…
Iya Vallée est une vallée un peu difficile d’accès sur l’ile de Shikoku, ile qui est elle-même déjà plutôt isolée par rapport aux autres îles du Japon. C’est dans cette vallée que se sont réfugiés les membres d’un clan après avoir perdu une guerre au XIIème siècle… neuf siècles plus tard on y retrouve encore leurs descendants ….autant dire que les choses ne bougent pas beaucoup dans ce coin du Japon, si ce n’est du fait de l’exode rural inéluctable qui dépeuple la vallée… Le Japon est un pays vieux mais alors la vallée de Iya c’est carrément la maison de retraite du Japon… heureusement les choses pourraient changer avec les nouvelles générations qui viennent de la ville pour lancer des projets d’écotourisme comme le propriétaire de notre chambre d’hôte Kunelasob par exemple.
Au volant de notre voiture de location (on oublie les bus, il n’y en a presque pas et ils ne desservent que la partie la plus touristique de la vallée), nous vous emmenons découvrir le Japon d’autrefois.
– Tels des samouraïs, nous avons traversé des ponts de liane (désormais renforcés par des câbles d’acier, maman je te rassure je n’ai pas fait courir de risques inconsidérés à ton petit G…). Ce sont les derniers que l’on trouve au Japon, ils étaient bien pratiques car les gens qui s’étaient réfugiés dans ces vallées reculées pouvaient bloquer leurs agresseurs en coupant d’un coup de sabre ces ponts.
Trois ponts ont survécu, un plutôt touristique au début de la vallée car assez facile d’accès, celui de Kazurabashi, les deux autres se trouvent au bout de la vallée, c’est long, la route tourne, il pleuvait, autant vous dire qu’on était tranquille…
Par contre traverser ces ponts de liane c’est pas pour les chochottes… même si nous savions qu’ils étaient renforcés, nous n’étions pas rassurés de voir l’eau BEAUCOUP plus bas dans l’espace entre les lattes, espace qui ne pouvaient pas laisser passer mes grand panards mais sans problème ceux de petit G (petit A étant un peu intenable, il n’a pas eu droit aux ponts..) et puis ça bouge, ça glisse avec la pluie…. bref on a survécu au petit moment adrénaline du séjour... il m’en faut peu, je crois que la maternité m’a rendue peureuse…
– Tels des samouraïs nous avons grimpé jusqu’à la maison du clan du Samouraï Kita, charmante maison datant de plusieurs siècles qui présente un petit inconvénient, elle est située tout au sommet de la montagne avec comme seul accès une route à une voie, qui tourne, qui tourne jusqu’au sommet … on s’est demandé quand même pourquoi elle était là … et bien la vieille gardienne qui s’occupe de l’endroit nous a éclairé.. la maison n’a pas du tout été construite dans ce coin impossible à atteindre, elle y a été déménagée !!! Franchement on se demande pourquoi mais on n’a pas compris la réponse en japonais (ou elle n’a pas compris la question…) !
– Tels des conducteurs de rallye, nous sommes passés maitre dans l’art de gérer les toutes petites routes. Le record absolu de la petite route impossible à conduire est celle qui monte à la maison du Samouraï mais des routes où l’on ne peut pas croiser, où l’on ne voit pas à 5 mètres, il y en a partout dans la vallée… alors comme d’habitude au Japon, des travaux ont été faits aux endroits possibles mais comme on est dans une gorge, ce n’est pas toujours possible… à notre grand bonheur, enfin une route pas complétement aseptisée et bétonnée au Japon !
– Tels des enfants nous avons été scotchés par le village d’épouvantails… oui, oui vous avez bien compris, le village de Nagoro compte plus d’épouvantails que d’habitants et ces épouvantails ressemblent à s’y méprendre à des villageois. Ayano Tsukimi, devant la désertification de son village, a décidé de remplacer tous les habitants disparus par des épouvantails de sa confection… aujourd’hui ce village surprenant pousse les touristes à s’y arrêter et Ayano a remis son village sur la carte du monde. J’ai été piqué de curiosité par ce projet artistique et j’ai trouvé un super reportage sur ce village à voir ici.
– Tels des japonais, nous avons eu notre moment onsen, au onsen de Iya qui est mon nouveau onsen préféré du Japon…. Imaginez (car je n’ai pas de photos, faute à la nuit tombante et aux règles de bienséance… ) un petit train à crémaillère à actionner tout seul qui vous descend au fond d’une gorge très encaissée (je vous rassure il faut juste appuyer sur un bouton). Une fois au fond, direction les bains chauds avec vue sur la rivière et sur un vieux pont qui traverse la gorge, l’eau est laiteuse et rend la peau douce, le calme est total, un moment parfait, peut être le meilleur moment du voyage…
Et puis la vallée d’Iya, ce sont les vues sur les montagnes transformées par les couleurs de l’automne, des vues plongeantes sur des gorges, c’est une petite vallée tout mignonette qui semble sortie d’un autre temps… on vous recommande!
Quelques adresses pratiques pour visiter Iya
– Le site de l’office du tourisme de la région
– Notre maison d’hôte Kunelasob, une vieille ferme rénovée par un gars de la ville, des chambres tatamis avec vue sur les montagnes et surtout une cuisine végétalienne absolument délicieuse… je n’avais jamais pensé m’extasier une fois dans ma vie pour la cuisine végétalienne et bien c’est fait…
– Le site de notre onsen préféré au fond des gorges, le Iya Onsen
– Et enfin une petite carte de la région pour vous repérer : Carte de Iya Vallée et une autre Carte de Iya Vallée
Alors ça vous dit de découvrir le Japon authentique ? Vous allez vous jeter à l’eau et sortir du triangle d’or Tokyo-Kyoto-Hiroshima ?