Madère est un rocher montagneux situé au milieu de l’Océan Atlantique qui fait la part belle aux randonnées. On y trouve un réseau de sentier très développé pour randonner à Madère dont certaines suivent les levadas de l’île (pour plus d’informations sur les levadas, voir cet article). La randonnée était un des buts principaux de notre venue à Madère, j’avais fait pas mal de recherches pour bien en profiter et je partage ici le fruit de mes recherches ainsi que mon retour d’expérience. Attention cet article est long mais très complet et je l’espère très utile.
Préambule : ce qu’il faut savoir pour randonner à Madère
- Je n’ai pas trouvé les randonnées à madère très difficiles : toutes celles qui suivent les levadas n’ont d’ailleurs que peu de dénivelé et même sur celles ayant de la dénivelé les chemins sont bien balisés et marqués. Il est, à mon avis, impossible de se perdre. Cependant certaines randonnées sont très aériennes, il ne faut vraiment pas avoir le vertige. Imagines un canal d’eau avec un petit rebord creusé dans la falaise… c’est là que tu vas parfois randonner.
- Madère est devenu très populaire avec l’ouverture de ligne low cost direct depuis l’Europe. Du coup les chemins des randonnées les plus courus sont littéralement pris d’assaut. Nous y étions début octobre, hors vacances scolaires, et les sentiers étaient bondés. La solution est de commencer au lever du jour pour être, au moins à l’aller, presque seul. Au mois d’octobre, il faisait jour un peu avant 8h donc cela ne demandait heureusement pas de se lever trop tôt. Nous avons trouvé que sur certains itinéraires la foule était dangereuse : il faut souvent croiser des groupes sur des levadas étroites creusés dans une falaise. Pour plus de sécurité mets-toi du côté de la falaise pour laisser passer, jamais contre les barrières qui pourraient très bien se détacher.
- Le problème avec le monde c’est que tu peux te trouver coincé derrière un gros groupe et vu les sentiers tu auras du mal à les doubler pendant très longtemps. Ces gros groupes marchent doucement car ils sont souvent composés de personnes plutôt âgées, peu habituées à la marche et pas très bien équipés. Encore une fois la solution est de se lever tôt.
- Qui dit monde, dit problème de parking : les infrastructures ne sont pas faites pour la fréquentation et du coup tu auras du mal à te garer si tu n’arrives pas tôt (ou tard si tu veux randonner en fin de journée). En commençant au lever du jour, nous n’avons jamais eu de soucis mais en rentrant nous avons toujours vu la même chose: des voitures garées de partout sur le bas-côté souvent loin du début de la marche
- Les sentiers sont souvent taillés dans la pierre et subissent donc fréquemment des chutes de pierre qui peuvent entraîner la fermeture des sentiers. Il faut donc bien se renseigner pour s’assurer que le sentier est ouvert mais surtout se dire qu’il n’est pas rare que certains sentiers soient fermés.
- Les marches très connues sont bondées, d’autres le sont beaucoup moins. Par exemple, nous n’avons croisé personne sur le Camino Reale de Sao Cristovao. Les randonnées les plus connues sont quand même souvent les plus belles, il y a du monde pour une raison et cela serait dommage de ne pas les faire.
Ce début d’article n’a pas pour but de te décourager. Nous avons adoré nos randonnées à Madère, des randonnées vraiment uniques et magnifiques mais il faut être prévenu pour ne pas revenir déçu. Il faut vraiment démarrer tôt sinon tu n’auras clairement pas la même expérience que nous. Tu peux également randonner en fin de journée mais attention de ne pas te faire surprendre par la nuit.
Voici les randonnées que nous avons faites à Madère, elles valent toutes le coup. Nous aurions pu rester une semaine de plus et en faire encore plus tellement l’île regorge de sentiers sympas.
Les levadas de Nova et Moinho
Contrairement à la plupart des randonnées à Madère, cette randonnée n’est pas un aller-retour. On part par une des levadas et on revient par l’autre. La levada Nova est creusé dans la roche juste au-dessus de la levada Moinho, elle est d’ailleurs beaucoup plus aérienne. Sur la levada Nova, on passe sous de petites cascades vraiment sympas. Cette randonnée a été pour nous une mise en jambe sympa et très proche de notre logement mais si vous manquez de temps je me consacrerai sans doute sur les autres randonnées car en général la côte Sud de l’île est moins sauvage et moins impressionnante.
Arrivée sur le parking au lever du soleil, nous ne sommes déjà plus les premiers même si cela reste calme à cette heure. Nous décidons d’aller aux 25 Fontes et de faire un détour par la cascade de Risco au retour. Nous avions lu que cette randonnée était tout le temps bondée mais nous avons été presque toujours seuls durant cette randonnée et ce pour une bonne raison. Au retour nous commencions à voir le ciel changer de couleur, les hélicoptères tourner au-dessus de nos têtes et les cendres nous tomber dessus. Un feu de forêt s’était déclaré dans la nuit et le temps que nous faisions la marche il avait commencé à prendre de l’ampleur. Du coup les routes pour accéder à la marche ont été fermées nous laissant seuls avec les quelques randonneurs matinaux comme nous. Une fois que nous avons réalisé la situation, j’aime autant te dire que je n’ai jamais marché aussi vite de ma vie pour remonter jusqu’au parking en sécurité. La zone a d’ailleurs été fermée pour le restant de notre séjour du fait de cet incendie. J’avais lu beaucoup d’avis négatifs du fait du monde mais en étant seuls j’ai trouvé cette marche magnifique. Nous avons un peu triché : à la base nous voulions descendre à pied et remonter en téléphérique et puis une fois arrivés, il faisait tellement chaud, que nous nous sommes dégonflés et nous avons emprunté le téléphérique et nous nous sommes contentés d’une balade le long de la mer. L’expérience en téléphérique est vraiment impressionnante : il plonge littéralement dans le vide, ne surtout pas y aller si tu crains le vide. Sinon c’est une expérience à ne pas manquer et puis la balade une fois en bas est magnifique. La forêt de Fanal est une forêt de lauriers inscrite au patrimoine mondial : certains arbres sont vieux de 500 ans. L’idéal est de visiter Fanal dans la brume mais pour cela il faut avoir un peu de chance car il est très difficile de prévoir la météo à Malte. Il peut faire très beau à 15 min de voiture et avoir de la brume à Fanal. Même sans brume, la balade au milieu des vaches entre ces arbres tarabiscotés est à ne pas manquer. Le Camino Reale a été construit à la demande du roi du Portugal au XIXème siècle pour permettre de rejoindre les différents villages sans être dépendant des bateaux. Et oui à Madère de nombreux villages étaient très isolés et accessibles qu’en bateau. Aujourd’hui certains bouts sont encore bien conservés comme celui sur lequel nous avons randonné. Ne loupe surtout pas cette superbe petite marche entre Sao Cristovao et De Arco de Sao Jorge car les paysages sont magnifiques. La marche est courte mais très dure, il faut donc être un peu en forme. La PR1 est la rando mythique de l’île située entre 1800 et 1700 mètres d’altitude sur les sommets de Madère. Le chemin a été construit il y a une cinquantaine d’années dans la roche pour les touristes et relie Pico do Arieiro au Pico Ruido. Je pense que c’est une des plus belles randonnées d’Europe et une très belle expérience qu’il faut vraiment mettre au programme. Physiquement il faut quand même être en forme pour ne pas trop souffrir car nous avons grimpé un sacré nombre de marches ce jour-là mais la rando est faite également de nombreux tunnels, quelques escaliers en fer et des passages creusés dans la roche. Seul le départ est vraiment très aérien, le reste de la randonnée l’est moins. Pas mal de gens sont là pour voir le lever du soleil et ne font pas toute la marche. Comment s’y rendre : en voiture compte une quarantaine de minutes depuis Funchal, depuis Santana nous avons mis 45 minutes. Il faut y aller très tôt pour avoir une place de parking pas trop éloignée. Début octobre, il y avait de la place au parking principal jusqu’à environ 7H20, après il fallait soit se garer sur le bord de la route soit aller au deuxième parking qui est éloigné et rajoute un bon kilomètre de marche (dangereux car il faut marcher sur la route non éclairée de nuit). On marche dans la forêt laurifère inscrite au patrimoine mondial sur l’une des plus anciennes levada de l’île qui a été construite à partir du XVIIIème siècle. Le chemin est étroit, on n’a souvent que le rebord de la levada pour marcher et de nombreux tunnels dont certains sont très longs et bas et ce surtout sur la deuxième partie de la marche vers Caldeirao do Inferno. Après 7 km nous arrivons à la magnifique cascade de Caldeira Verde, le chemin est long mais presque totalement plat et devient de plus en plus beau au fur et à mesure que l’on avance. Caldeirao Verde possède une cascade haute de 100 mètres dont nous avons profité seuls avec un autre couple. Au retour il y avait une centaine de personnes à la cascade, on était vraiment contents d’être venus tôt. La deuxième partie vers Caldeirao do Inferno est un peu plus difficile avec une centaine de mètres de dénivelé tout en escalier, puis de nombreux tunnels bas et étroits. On admire pas mal de cascades, des paysages magnifiques, je trouve la deuxième partie de la marche plus incroyable que la première partie. Caldeirao do Inferno est un mur végétal plus haut mais moins impressionnant que Caldeirao do Inferno car il n’y pas vraiment de cascade. Au retour, on croise des tonnes de groupes avec des gens pas vraiment équipés et qui n’ont clairement pas l’habitude ni le pied montagnard, quand on voit où on doit les croiser, on se demande comment il n’y a pas d’accidents. Les groupes sont très gros et gérer par des guides pas sympas qui vous engueulent alors même que nous les laissions passer. Si nous avions vécu cela toute la journée je ne suis pas sûre que nous aurions tant aimé la marche. J’ai adoré cette journée, sans doute ma marche préférée avec le pico Arieiro. Ici on est dans un autre Madère, loin du Madère vert et humide. Ici le relief volcanique est coloré mais sec, sans végétation, souvent venteux. La marche est facile avec juste une grosse grimpette à la fin qui peut être un peu glissante à la descente. La seule difficulté est le manque d’ombre, il peut faire très chaud. Nous y étions un jour couvert et venteux avec même un brouillard à couper au couteau au bout de la péninsule : nous avons passé 1h à attendre que cela se lève… Un lieu à ne surtout pas manquer durant un séjour pour randonner à Madère. Ne pas manquer également le mirador indiqué au rond-point en partant, il vaut vraiment le détour. La bible de tout randonneur à Madère s’appelle le guide Rother qui recense toutes les randos. Je me l’étais procuré mais je ne l’ai pas trouvé indispensable sauf peut-être pour planifier ses marches car les chemins sont super bien indiqués et on n’a vraiment pas besoin de suivre le guide. Voici quelques liens vers des sites indispensables Enfin voici les deux blogs qui m’ont été le plus utile pour randonner à Madère. Epingle sur Pinterest
Les 25 fontes et la cascade de Risco (PR6 et PR6.1)
Achadas da Cruz
Randonner à Madère: La Forêt de Fanal
Le Camino Reale de Sao Cristovao
Pico do Arieiro à Pico Ruído (PR1)
Caldeirao Verde et Caldeirão do Inferno
La Ponta de São Lourenço
S’Organiser pour randonner à Madère