La région du Choco n’est clairement pas la première destination à laquelle on pense lors d’un séjour en Colombie: la région est plutôt difficile d’accès et jouit encore d’une réputation dangereuse auprès du Ministre des affaires étrangères car ce fut une zone où la guérilla fut très présente. Pour couronner le tout, la zone est une plaque tournante du trafic de drogue ainsi qu’un haut point de passage pour l’immigration clandestine vers les Etats Unis (on en parlera plus tard). Mais depuis les accords de paix la partie du Choco où nous étions est sûre et c’est Arnaud, qui tient une auberge à Trigana (sur la côte Caraïbes du Choco), qui nous a convaincu de visiter cette région dont il est tombé amoureux et nous ne l’avons pas regretté.
Au Choco on est dans la jungle du Darien, l’une des forêts vierges les plus vastes de la région, qui sépare l’Amérique du Nord de l’Amérique du Sud. Il est possible de traverser tout le continent Américain par la route, sauf la zone de la jungle du Darien où aucune route n’existe… Le Darien coupe le continent en deux. En plus d’être isolé, en arrivant au Choco depuis la région de Medellin, on a l’impression de se retrouver sur un autre continent car la population est en majorité afro-colombienne. Ce sont souvent des descendants des anciens esclaves de Carthagène qui ont trouvé refuge dans cette partie de la Colombie. Bref une destination qui nous a vraiment dépaysé durant notre voyage en Colombie.
Découverte du Choco à Trigana
A Trigana, nous sommes chez Arnaud dans l’auberge Treegana (pour réserver c’est ici). Aller chez Arnaud se mérite car il faut faire entre 5 à 6h de route depuis Medellin pour arriver à Turbo où l’on prend le bateau pour rejoindre Trigana. Il faut alors compter un peu plus d’une heure de bateau (et bien se renseigner sur les horaires car il y en a seulement quelques-uns chaque jour) puis, une fois à Trigana, il reste encore un kilomètre de marche pour arriver au milieu de nulle part dans la jungle. L’équipe de Treegana pourront vous aider pour organiser le voyage.
A Treegana, on change de monde, on est au milieu de la jungle et on est réveillé le matin par le bruit des singes hurleurs, ceux-là font un bruit proche du cochon égorgé, unique comme réveil matin.
Nous avons découvert la jungle grâce à un circuit réalisé par Arnaud. On y a vu pleins de singes différents, des grenouilles venimeuses et non venimeuses, des grillons bleus, des fourmis portant des feuilles énormes pour leur taille… par contre le jour où nous y étions ni toucan, ni paresseux, ni jaguars qui sont quand même rares. Ce qui n’est pas rare ce sont les serpents, donc il faut bien mettre des bottes en caoutchouc pour se protéger. Et, bonheur, joie, pour récupérer après la chaleur de la jungle, Treegana possède une jolie piscine d’eau fraîche.
Nous avons également fait de nombreuses activités avec les gens du village:
- Nous sommes allés pêcher en mer avec un de leur voisin. Ici la pêche se fait à la plombée et chance du débutant, j’ai pêché trois poissons (2 chinos et un poisson scorpion) alors que le reste de la famille est revenu bredouille…
- Les hommes de la famille ont joué au foot avec les gamins du village… il y a du niveau à Trigana, les franco-néo zélandais ont eu du fils à retordre..
- Nous avons fabriqué des bracelets en perles avec une indienne du village. Vous pouvez d’ailleurs acheter certaines de ses créations, elle a appris toute seule ce qui est impressionnant.
Découvrir le reste du Choco caribbéen.
Après quelques jours à Trigana, nous sommes partis découvrir la région à Playa Soledad puis à Playona.
Un peu de luxe à Playa Soledad
Playa Soledad est sans doute le seul hôtel un peu luxueux du Choco. Ici plage de sable blanc, très bon snorkeling (lorsque la mer n’est pas agitée, nous n’avons pas pu tester), clim dans la chambre et une piscine avec toboggan (les enfants n’en croyaient pas leurs yeux). L’hôtel appartient apparemment à un narcotrafiquant (tout semble leur appartenir dans la région) qui a du avoir un peu la folie des grandeurs pour construire cet hôtel ici car l’hôtel dépend de l’électricité de la petite bourgade d’Acandi où l’électricité n’est pas une chose très stable. Du coup à notre arrivée il n’y avait pas d’électricité depuis 5 jours et le toboggan n’a pu fonctionner que quelques heures en utilisant le générateur… les enfants étaient fous…
L’accès se fait seulement par bateau, le lieu est très sympa pour se reposer un peu par contre la nourriture n’est franchement pas top. Pour les contacter c’est ici.
Les incroyables tortues luth de Playona
On quitte le luxe de Playa Soledad direction Playona: ce voyage fut épique car la mer était agitée. Nous étions prévenus et tout le monde était en maillot de bain avec nos sacs dans des sacs poubelles pour ne pas se faire tremper. Les problèmes commençèrent lorsque le bateau refusa de nous poser à Playona: la plage est connue pour être difficile et vu les conditions il ne voulait pas tenter le coup. Nous avons donc eu l’honneur d’être déposés à Acanti et traverser la bourgade sur une charrette tirée par un cheval. Le plan B était d’ensuite prendre une moto puis de marcher dans la boue… il faisait chaud, petit J était crevé, ce n’était pas possible… heureusement le proprio de notre logement à Playona, qui y est né et connaît bien la plage, a accepté de nous emmener avec son bateau… Autant vous dire que j’ai été pas mal stressée jusqu’à être sur la terre ferme. On m’avait donné en plus le seul gilet de sauvetage pour pouvoir m’occuper de petit J au cas où… Contactez Arnaud il saura vous aider à arriver à Playona… en espérant la mer sera moins agitée
Alors pourquoi se casser la tête pour aller à Playona? Pour admirer la ponte des tortues luth ainsi que voir leurs bébés sortir de leur nid enfouis dans le sable pour aller vers la mer. Les tortues luth vivent jusqu’à 120 ans et sont les plus grosses du monde: elles peuvent mesurer jusqu’à 2m20 à l’âge adulte. Celle que nous avons vu mesurait environ 1m40. Elles sont en danger de disparition du fait de tout le plastique dans l’océan qu’elles mangent. Les tortues parcourent chaque année des milliers de km entre les sites où elles se nourrissent (dans les eaux froides) et où elles pondent (sous les tropiques), qui est l’endroit où elles sont nées. Une fois arrivées sur leur lieu de naissance, les tortues montent suffisamment sur la plage pour que le nid soit à l’abri des marées, déblaient le sable et creusent avec leurs pattes arrières un trou pour y pondre. Elles le rebouchent alors soigneusement et, effacent leurs traces avant de repartir vers l’océan. Elles pondent des gros œufs viables et d’autres petits qui permettent de créer des poches d’air pour les petites tortues qui mettent jusqu’à 5 jours pour sortir du sable. Elles en pondent environ 100 à la fois qui mettront entre 60 et 70 jours pour éclore. Lorsqu’ils sortent du sable les bébés sont attirés par la lumière qui se reflète sur l’eau, il ne faut donc surtout pas éclairer sinon ils se dirigent vers vous… Assister à tout ce processus était incroyable..
La saison commence en Avril et finit en Août mais la meilleure saison pour les voir est en Juin, pile quand nous y étions. Les tortues s’observent de nuit car les bébés sortent du sable juste après le coucher du soleil et les tortues viennent pondre pendant la nuit. Il faut donc loger sur place. Les endroits sont assez rustiques mais la Posada ecoturística la mona était très bien pour une nuit.
En tout cas, quelle expérience extraordinaire de voir ces énormes animaux pondre et leurs bébés tortues courir aussi vite que leurs petites jambes leur permette vers la mer! Cela valait l’arrivée un peu chaotique…
Comment se rendre sur la côte caribéenne du Choco
Pour rejoindre le côté caraïbe du Choco, il n’existe aucune route. Il faut donc soit prendre le bateau depuis Necocli ou Turbo, soit prendre le minuscule avion pour Acandi (depuis Medellin). Si vous optez pour les bateaux ils partent le matin donc il faut bien s’organiser et se renseigner sur les horaires car ce ne sont pas vraiment des villes où on a envie de rester… L’équipe de l’hôtel Treegana pourra vous donner toutes les informations nécessaires.
Une fois sur place, pour les petits déplacements, ce sont les locaux qui vous emmèneront sur leur bateau. Leurs bateaux ne sont plus des speed boat mais de petits bateaux de pêche et du coup si la mer est un peu agitée, vous allez vous faire tremper. Bien penser à prévoir des sacs poubelles pour protéger les sacs et se mettre en maillot de bain avant de monter dans le bateau pour ne pas avoir toutes ses affaires trempées. Pour l’avoir vécu, on se prend des vagues sur la tête et comme le Choco est humide, rien ne sèche vraiment bien.
Les migrants et la jungle du Darien
Petite parenthèse un peu moins rose mais qu’il faut connaître et que vous remarquerez une fois sur place. Cette zone doit être traversée par les migrants pour se rendre aux Etats Unis. Ils arrivent en Colombie et butent face à la seule partie d’Amérique où il n’y a pas de route et doivent marcher plusieurs jours dans la jungle pour arriver au Panama. C’est la partie la plus dangereuse du voyage vers les Etats Unis, surtout une fois au Panama quand les narcos colombiens ne sont plus là pour le protéger. Il y a beaucoup de viols, des gens meurent d’épuisement…. bref nous sommes ici en vacances, eux étaient au même port que nous mais par désespoir… cela fait réfléchir. Nous avons d’ailleurs fait une marche dans une communauté en Equateur, quelques semaines après notre séjour au Choco, avec un guide local dont le fils, la belle fille et les trois enfants avaient fait ce voyage, heureusement ils sont arrivés à bon port. Vous pouvez regarder ce petit reportage sur cette fameuse traversée du Darien ici: très intéressant et très édifiant.
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ca m’intéresse beaucoup cet article , tout les animau que j’ai vu sur article ça me fait tellement curieux, merci de partager des infos
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