Les rizières de Yuanyang sont l’un de mes gros coups de cœur en Chine, des paysages creusés dans la montagne durant des siècles par un peuple un peu fou qui a créé, sans le savoir, une véritable œuvre d’art. Yuanyang m’a vraiment fait vibrer… et je n’ai pas regretter les 7h de bus depuis Kunming pour me rendre tout au sud de la province du Yunnan. Yuanyang est encore préservée du tourisme de masse, malgré son inscription en 2013 au patrimoine mondial, du fait de son isolement. Il faut donc vite en profiter car les infrastructures s’améliorent chaque année en Chine et les hordes de touristes chinois découvriront un jour ce bijou.
Une œuvre d’art où se mélange beauté et gigantisme
Ces rizières sont magnifiques mais ça je le savais déjà car j’avais vu des photos de Yuanyang, ce qui m’a par contre complètement abasourdie c’est la surface couverte par ces rizières qui s’étendent sur des pans entiers de montagne... j’ai d’ailleurs eu beaucoup de mal à rendre ce gigantisme sur mes photos. Une fois face à ces rizières creusées et entretenues depuis des siècles, je me suis rendue compte du travail titanesque réalisé par le peuple Hani,
Les rizières de Yuanyang se trouvent dans les montagnes entre 1500 mètres et 2000 mètres. Elles sont souvent dans les nuages, le premier matin on ne voyait pas à 3 mètres et les voitures roulaient avec le clignotant pour qu’on puisse les voir, c’est pour dire… j’ai eu très peur de ne rien voir du tout… et puis la mer de nuage s’est abaissée et les paysages magiques sont apparus…
Les rizières de Yuanyang sont très étendues et divisées en zones pour aider les touristes à s’y retrouver…. J’ai réussi à bien organiser mes transports et j’ai vu toutes les zones et une quantité de points de vue assez impressionnants….
Pour vous y retrouver (ou pour faire un choix), voici les caractéristiques des différentes zones
– Les rizières de la bouche du tigre ou de Laohuzui, sont les rizières les plus basses, elles sont donc moins souvent cachées par la mer de nuages. On les observe du haut d’une falaise, du coup avoir le billet pour aller au belvédère est particulièrement important.
– La zone de Bada présente un point de vue magnifique et offre une petite randonnée balisée pour approcher les rizières de plus près.
– La zone de Duoyishu est la zone où se trouvent les guesthouses qui sont toutes dans le village de Pugaolaozhai. Elle est plutôt étendue, je l’ai découverte accompagnée d’un guide qui m’a conduite vers des points de vue incroyables… vraiment pas la peine de se rendre à la plateforme…
Les artistes-sculpteurs de Yuanyang : les Hani
Ces rizières ont vu le jour grâce au peuple Hani (il existe quelques autres minorités dans le coin, j’ai vu des Yi par exemple qui sont d’ailleurs censés être les ancêtres des Hani il y a 50 générations…). Du fait de cet isolement la culture Hani est encore très préservée: les tenues traditionnelles et la langue Hani qui est la seule langue parlée par la majorité des habitants en sont bien la preuve. Le meilleur moyen d’admirer les Hani et leurs costumes est de se rendre sur un marché. Le marché se tient dans un village différent chaque jour de la semaine et j’ai eu la chance de découvrir l’un des plus gros marché, celui de NiuJiaoZhai. Pratiquement pas un touriste sur ce marché et des Hani qui vaquent à leurs occupations et ne se soucient guère de moi… j’ai bien réussi à échanger quelques sourires avec certains mais cela n’a pas été facile…
Il faut dire que la vie des Hani est rude, ils ne récoltent le riz qu’une fois par an, soit un rendement six fois moins important que dans les plaines chinoises… maintenir ces rizières est un travail de titan pour pas grand-chose… avec le désenclavement de cette région je me demande vraiment encore combien de temps les Hani continueront à vivre de la sorte.
Ces quelques jours à Yuanyang m’ont permis, grâce aux propriétaires de ma guesthouse, de découvrir un peu la culture des Hani… Par exemple, les Hani suivent un calendrier qui permet de s’y retrouver dans la culture du riz. Pour eux, il n’y a que 10 mois dans une année, un mois dure donc 36 jours et une semaine 12 jours… La vie du village est réglée par un shamian et les traditions sont encore très suivies. Ainsi un nouveau- né ne peut pas être présenté avant le 13ème jour, jour où il reçoit un cadeau, en général un couteau pour couper le riz pour les filles et un objet pour s’occuper des buffles pour les garçons. De même, on enterre les morts dans une forêt sacrée où étrangers et célibataires n’ont pas le droit de pénétrer.
Informations très très utiles
Place aux infos pratiques sur ce lieu incroyable pour lequel il est encore difficile de trouver des informations
Combien coutent les visites de Yuanyang?
– Le billet d’entrée coute 100 Yuan et est valable trois jours (ils ont réduit le prix… et oui… avant c’était 180…). Lorsque vous entrez dans la zone, on vous arrête pour vérifier que vous ayez bien le billet. Certains touristes y échappent en utilisant les minibus locaux avec vitres teintées (hein ils n’ont du coup pas accès aux plateformes, ce qui peut être dommage en particulier à Laohuzui …. Sachez que le gouvernement local a décidé de ne pas augmenter le billet aux 250 Yuan réglementaires en Chine lorsqu’un site entre au patrimoine mondial et ce pour attirer les touristes et développer la région… et puis quitte à faire 7h de bus, autant ne pas manquer certains panoramas…
Où loger à Yuanyang?
– Je vous recommande ma guesthouse, la Timeless Guesthouse. Les propriétaires sont passionnés par la région, si vous le leur demandez ils vous parleront de la culture Hani et vous aideront à prendre les plus belles photos possibles… La chambre privée coute 120 Yuan. Vous pouvez passer par eux pour avoir un guide (400 Yuan la journée) et un chauffeur (300 Yuan la journée). Malheureusement elle semble avoir fermé mais une guesthouse assez semblable existe désormais dans le même village c’est la Jacky Guesthouse (pour réserver c’est ici)
– Si vous souhaitez un peu plus de confort et avez un peu plus de budget, direction le Twelve Manor Terrace Lodge (pour réserver c’est ici) et prenez la chambre avec la superbe baignoire. Si vous souhaitez parler français direction le Havre de Paix (pour réserver c’est ici)
Quand venir à Yuanyang et combien de temps y passer?
– Consacrer au moins trois jours pour maximiser ses chances de voir les paysages car y a très souvent du brouillard dans cette région. Les chauffeurs communiquent entre eux et savent en général les zones où le brouillard est levé. Laohuzui est la zone où il y a le moins de brouillard car elle est beaucoup plus basse
– Quand venir ? De décembre à mars pour voir les rizières en eau. De Juillet à mi-septembre pour voir les rizières vertes. La récole a lieu au mois de Septembre. Octobre et Novembre sont à éviter car les récoltes sont finies et les rizières sont sèches et marrons.
Et après comment faire pour aller au Vietnam?
Flash spécial passer de Yuanyang à Sapa au Vietnam en passant par Hekou
A Yuanyang on est tout près du Vietnam… et pourtant je n’ai trouvé que très peu d’informations sur ce passage de frontière entre la Chine et le Vietnam… maintenant que je l’ai fait (et croyez-moi ce fut une expérience) voici donc toutes les infos nécessaires
– Il faut avoir son visa vietnamien, le système de visa à l’arrivée ne fonctionne pas aux frontières terrestres (Edit: voir mon article sur Ho Chi Minh oui je détaille les conditions de Visa pour le Vietnam mais le Evisa marche désormais à Lao Cai et coute moins cher)
– Il faut compter une journée de transport impliquant pas moins de 3 bus, 1 taxi et 1 moto... une vraie petite aventure, surtout qu’il faut passer le poste de frontière avant sa fermeture
1. Depuis les rizières, il faut se rendre à Xinjie pour prendre le bus en prenant un des minibus que l’on arrête le long de la route, compter 1 heure et 15 Yuan.
2. De Xinjie, il existe un voire deux bus par jour se rendant directement à Hekou. J’ai pris celui qui part juste après 10h, le billet coute 58 Yuan et le trajet dure 4h30.
3. La station de bus de Hekou se situe assez loin de la frontière, il faut donc soit prendre un bus que je n’ai jamais trouvé, soit prendre un taxi partagé, j’ai payé le mien 15 Yuan… je n’ai pas pu communiquer mais il a bien compris qu’une blanche ne pouvait aller qu’à la frontière…
4. Le passage de la frontière est plutôt simple, il suffit de traverser le pont à pied et vous êtes au Vietnam dans la ville de Lao Cai
5. Depuis Lao Cai pour continuer vers Sapa, il faut demander aux motos taxi qui attendent à la frontière de vous poser au départ du bus gouvernemental, le bus coute 1.5 USD.
Alors es-tu tombé, comme moi, sous le charme de cette région reculée de Chine ?